CLINIQUE DE LA FEMME
Les femmes, lorsqu’atteintes dans leur être via le corps féminin, victimes de syndromes gynécologiques, d’endométrioses, d’hypofertilité, de cancers de la femme, de violences sexuelles, sont souvent mal écoutées, tardivement diagnostiquées, subissent des souffrances somatiques et psychiques intenses par essentialisation. Leurs souffrances restent sous-évaluées par les corps sociaux et médicaux, ce que de nombreuses études en sciences sociales à l’échelle mondiale, et des données de l’OMS, confirment.
Les importants retards au diagnostic des différents types d’endométriose et les limites actuelles des traitements, les lacunes quant à l’étiologie, comme les douleurs aigües ou chroniques associées à d’autres syndromes gynécologiques, isolent les femmes concernées dans des plaintes mal traitées voire maltraitées bien que ces syndromes se médiatisent et que des prises en charge transdisciplinaires se développent.
Les cancers gynécologiques, dont la prise en charge est transdisciplinaire et protocolisée, pour lesquels le regard social est moins stigmatisant, impliquent des soins lourds, suscitent des angoisses massives pesant sur la vie des femmes. Sur le plan psychique, les symptômes révèlent souvent l’effraction et le débordement des défenses, l’apparition d’un trauma. Ces vécus de cancers impactent le corps et l’image corporelle, la psyché, retentissent sur la vie intime, familiale, sociale. Face à ces agressions, la posture de combat et l’injonction à la positivité, mobilisées par le « discours courant », sont souvent aliénantes et rencontrent des limites peu dicibles par les femmes.
Les suivis de procréation médicalement assistée (PMA) sont longs et éprouvants. Des tranches de vie personnelle et professionnelle se voient profondément bouleversées, l’accès à la maternité devenu dépendant des aléas de la physiologie et de la médecine. Sur le plan psychique, l’infertilité provoque des imaginaires de honte et de culpabilité. Les femmes souffrant d’hypofertilité éprouvent une stigmatisation, aux fondements anthropologiques, parfois insurmontable. De fait, être frustrée de son désir d’enfant renvoie à des doutes et symptômes régressifs, fragilise les couples, peut laisser des traces psychiques profondes.
Bien qu’elles ne concernent pas que les femmes, les violences sexuelles et sexistes faites aux femmes se disent en chiffres:
- 1 femme sur 6 vit en France avec la mémoire d’une maltraitance sexuelle durant l’enfance.
- 6 femmes sur 10 ont vécu une violence sexuelle au moins une fois dans leur vie. 9 femmes sur 10 connaissent leur agresseur.
- 1 viol ou tentative de viol a lieu toutes les 2’30 en France.
- 6 femmes sur 100 victimes de viols ou d’agressions sexuelles portent plainte.
- 8,6 plaintes sur 100 sont classées sans suite.
- 6 violeurs sur 100 sont condamnés par la justice.
- 3 femmes chaque jour en France sont victimes de féminicide ou de tentative de féminicide.
Les violences faites aux femmes sont plus difficilement surmontées lorsque la société peine à entendre la parole des femmes. C’est à cet endroit d’écoute et de légitimation qu’intervient la.le psychologue. De nombreuses questions sont posées par les femmes atteintes dans leur corps quant à l’articulation corps-psychisme, au risque de céder à des croyances culpabilisantes. De fait, les femmes malades, agressées, perdent fréquemment des liens familiaux, sont davantage isolées, ce qui les conduit à se taire ou à euphémiser leurs plaintes, leurs traumas. Leur vulnérabilité sociale est grande.
La psychothérapie de soutien offre une écoute aux vécus objectifs et subjectifs des blessures et traumas de ces femmes, saisies entre impuissance et injonctions. Elle aide au réaménagement de défenses psychiques en l’absence de maîtrise face à ces confrontations violentes au réel, soutient un féminin disjoint du corps gynécologique et de la maternité. Elle mobilise les pulsions de vie dans ces épreuves, tentant de réanimer de l’être en dépit de l’objectification du corps agressé.